Lumière sur le négoce bordelais

Bordeaux… Une ville à l’histoire trépidante et au vignoble légendaire ! Injustement victime d’une chasse aux sorcières depuis quelques années : le fameux Bordeaux Bashing, à la mode depuis quelques millésimes maintenant. Trop de bois. Trop de pesticides. Trop d’attente avant de s’autoriser à déguster un vin trop cher et trop classique : voilà les griefs contre la ville d’Aliénor d’Aquitaine qui lui valent aujourd’hui d’être boudée de l’amateur, pourtant éclairé.

Rétablissons quelques gloires au vignoble girondin, il le mérite ! Pour ce faire, nous vous proposons de vous pencher avec nous sur le cas du négoce, qui fait partie intégrante de l’histoire et de la structure du vignoble, au même titre que le cabernet-sauvignon…

 

Négociants et vignerons : partenaires ou concurrents ? 

Quand on pense au vigneron, il nous vient cette image d’Epinal du paysan travaillant sa terre le sourire aux lèvres, qui patiemment attend les vendanges et la vinification de son prochain vin en couvant du regard ses vignes, serein et heureux… Quiconque se lancerait dans l’aventure vinicole sur ce simple cliché édulcoré serait lourdement frappé par un concept bien concret : la réalité ! Eh oui, dans la vie, tout le monde a besoin de manger, même le vigneron ! S’il aime effectivement sa terre et chérit la chance qui lui est donnée de pouvoir s’y consacrer, il peine parfois à en vivre dignement : vendre son vin, c’est aussi difficile que de le produire ! Et dans un marché aussi concurrentiel que celui d’aujourd’hui, la tâche n’est pas moins ardue. Pour cette raison, des intermédiaires tels que les négociants sont les bienvenus, leur concours est parfois même indispensable.

C’est donc un véritable partenariat qui articule la relation entre le vigneron et le négociant : ce-dernier, en se chargeant de la commercialisation de ses vins, permet au précédent de se consacrer pleinement à ses vignes, déployant ainsi moins d’énergie sur la question de la commercialisation.

 

Le négociant bordelais : plus qu’un héritage…

Autre contraste entre vignerons et négociants : le quidam a tendance à opposer ces deux professionnels de la filière selon leur degré de légitimité, qui serait toute relative pour les négociants. Le vigneron serait alors le témoignage de la tradition vinicole respectée, rien à voir avec le négociant, ce vulgaire arriviste des temps nouveaux, juste bon à avoir eu le flair sur ce nouveau marché porteur… Le match entre traditions respectées des temps anciens et les dérives de notre époque ultra-capitaliste… Faux ! C’est même le contraire !

En effet, il faut savoir que l’activité de négoce à Bordeaux remonte au tumultueux XIème siècle, quand l’Aquitaine était une monnaie d’échange entre les royaumes de France et d’Angleterre. Dans cette bataille de couronnes, les vignerons qui vendaient leur vin en vrac (la bouteille n’avait pas encore fait son apparition au temps de Robert II !) pour le compte de riches propriétaire terriens, avaient bien du mal à s’en tirer… Et toute une clientèle outre-Manche souffrait des aléas géopolitiques consécutifs aux conflits entre capétiens et leurs homologues anglais.

C’est ainsi que, presque par la force des choses, les négociants ont émergé dans le paysage des vins bordelais. La Place de Bordeaux, véritable place de la bourse en apparats de merlot, occupe alors une place centrale dans la vie économique bordelaise, mais ne se limite pas seulement à la commercialisation des vins. Alliant à leur connaissance du marché une expertise technique éprouvée, les négociants sont dès lors capables d’intervenir très tôt dans la vie d’un vin, en chapeautant par exemple leur élevage ou en décidant des assemblages. C’est également eux qui se chargent de présenter les jeunes vins à peine esquissés quelques mois après les vendages : les fameux primeurs !

 

Aujourd’hui, plus de 300 maisons de négoce existent à Bordeaux et perpétuent une tradition ancrée dans l’Histoire du vignoble, au même titre que le fameux classement de 1855.

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