Embarquons pour un tour dans un vignoble aussi riche que complexe : le Sud-Ouest !
Sa multitude de cépages et ses nombreux terroirs aussi variés que la typicité des vins qu’il propose sont quelques-uns des arguments de choix de ce vignoble si souvent boudé.
Avec plus d’un secret à nous livrer, c’est une région qu’il est urgent de redécouvrir ! Petite initiation…
On doit bien sûr aux Romains un certain héritage viticole dans la région, comme pour plus de la moitié des vignobles de France et de Navarre, mais des traces bien plus anciennes de vignes ont été retrouvées dans le piémont pyrénéen. On y a identifié des plants de vignes sauvages de type Vitis Lambrusca, probablement à l’origine d’espèces autochtones qui ont donné naissance à nos cépages plus connus, cabernets en tête. Notez que la vigne est une plante complexe qui mute assez spontanément et dans des laps de temps très courts ! C’est d’ailleurs sur la base d’études faites sur des cépages de la région que l’on a pu établir les différentes familles de cépages et leur filiation (un Fer du Quercy aurait fricotté avec un Txakoli du Pays Basque pour donner naissance au Gros Cabernet, ancêtre du Carménère, lui-même apparenté au Merlot, entre autres…).
Revenons à nos Romains : l’expansion de leur empire a permis l’implantation de différents cépages dans cette région et surtout un progrès conséquent dans la culture de la vigne et l’élaboration du vin. Il ne leur avait pas échappé que la situation climatique du Sud-Ouest est idéale pour la culture viticole : la fraîcheur de l’océan Atlantique à l’Ouest tempère l’écrasante chaleur du soleil, les Pyrénées au Sud et le Massif Central au Nord-Est forment un barrage naturel aux pluies … Sans oublier le doux climat méditerranéen, gentiment bousculé par le vent d’Autan. Les cieux du Sud-Ouest, tantôt pluvieux et venteux, tantôt secs et lumineux, ne sont pas les mêmes partout !
Car ce qui caractérise la région, c’est bien la diversité !
Celle des saisons : les hivers rudes et secs du plateau du Haut-Quercy ou des portes du Massif Central ne sont pas ceux de la Vallée de l’Adour, humides et doux ! La diversité des sols, également : on les retrouve tous dans le Sud-Ouest, des argiles au schistes en passant par les calcaires et les sables (à qui l’on doit d’ailleurs la survie de vignes franches de pieds, épargnées du phylloxéra). Outre sa situation entre l’Atlantique et la Méditerranée, cette richesse géologique est le fruit de la dualité entre deux chaînes de montagnes : le très vieux Massif Central (parmi les premiers massifs de l’Histoire de la Terre, et le plus vieux de France) face aux “petites jeunes” Pyrénées (les dernières montagnes à s’être élevées sur notre sol).
Le Sud-Ouest doit aussi beaucoup aux religieux : les moines en descente vers Saint-Jacques de Compostelle ont contribué au développement de la viticulture en conseillant et travaillant dans les monastères construits pour le repos des pèlerins, mais aussi aux voyages des cépages en transportant avec eux plants et graines pour les semer aux quatre coins de la France. Le Pape Jean XXII, natif de Cahors, a fait confiance aux vignerons de son cru pour construire le vignoble des Papes, à Avignon. Consécration quand Henri II devint propriétaire d’une parcelle de vigne en Jurançon, dont le vin est au centre de la fameuse histoire du baptême d’Henri IV, dont on frotta la bouche d’une gousse d’ail puis en humecta les lèvres d’une goutte du fabuleux nectar…
On le constate : dans le Sud-Ouest, la constante, c’est le contraste ! Entre l’offre pléthorique de cépages et la situation géographique, aucun vignoble ne ressemble à aucun autre au sein de cette région.
Tous les types de vins y sont donc produits : du blanc sec au doux voire liquoreux, des vins rouges puissants (souvent) aux plus légers (parfois), tranquilles comme effervescents, il y a de quoi satisfaire tous les goûts !
Historiquement, les vins du Haut-Pays Bordelais servirent un temps à compenser les défauts de production des vins de Bordeaux, ce qui entacha fortement leur réputation. L’intense productivité du vignoble, synonyme de quantité mais pas de qualité, associée au choix économique de privilégier les cépages très productifs et plus “communs” que les espèces autochtones, ont concouru à ce phénomène.
C’est aux premières heures des années 1930 que le vignoble endormi se révéla. La France, alors dans un formidable élan de restructuration de ses vignobles et de progrès agro-industriel, donne naissance aux AOC. Chaque groupement de vignerons, décidé à revendiquer l’identité des vins de sa région, travaille alors à promouvoir le produit de son terroir. C’est sur ce terrain que ce sont démarqués les vignerons du Sud-Ouest, conscients du trésor qu’ils avaient entre leurs mains et sous leurs pieds.
Des années plus tard, cette idée n’a pas quitté les plus emblématiques vignerons de la région, comme au domaine Plageoles : depuis 1805, ce domaine miraculeusement épargné par le phylloxéra a su profiter de la subsistance de cépages locaux dans son vignoble pour en assurer la sauvegarde. Aujourd’hui, il s’illustre dans la production de cuvées monocépages portant sobrement le nom du cépage qui la compose. La coopérative des vignerons de Saint-Mont, dans le Plémont ainsi que le domaine Labranche-Laffont, à Madiran exploitent des vignes franches de pieds, elles aussi intactes de toutes traces du phylloxéra. Fabien Jouves, au Mas Del Périé, propose quant à lui des vins naturels et biodynamiques qui font l’unanimité à Cahors, tout comme des cuvées “ovni” à l’image de son vin d’assemblage de cépages locaux, “Autochtones”. Enfin, Alain Brumont a su prouver que les vins de Bordeaux n’ont pas le monopole des Grands Vins, puissants et racés : son Château Montus, qu’on appelle simplement le “Pétrus du Sud-Ouest”, en est le parfait exemple…
Il y aurait encore plein de choses à dire sur le Sud-Ouest ! Nous vous invitons à vous y pencher de plus près, et pour cela quoi de mieux que de pousser la porte de l’une de nos caves, direction le rayonnage “Sud-Ouest”...