A plus de 150km de ces illustres compagnes de vignes, ce vignoble, le plus septentrional de tous les bourguignons, peut compter sur son appellation phare pour faire parler de lui : Chablis ! Or, le succès mérité des vins du chablisien a tiré la couverture sur lui, au détriment des autres appellations voisines : Irancy, Côtes d’Auxerre, ou encore Epineuil…
Faisons un saut dans l’histoire pour retracer celle de ce pays de l’Yonne. Il faut savoir qu’avant le phylloxéra, ce puceron responsable de la disparition de bon nombre de vignoble au 19ème siècle, la Bourgogne vinicole allait sans discontinuer du département de l’Yonne à celui de la Saône et Loire : elle couvrait un autre grand vignoble, aujourd’hui plus anecdotique : le Pays de l’Auxois. Alors à deux pas de la Cour parisienne, les vins de l’Yonne étaient servis à la table des Rois, et n’avaient pas à rougir : leur qualité était unanimement reconnue et célébrée.
Vous connaissez certainement la suite : les moines de l’abbaye de Flavigny qui perfectionnent les vins de l’Yonne, ceux de l’abbaye de Citeaux dont le travail propulse le vignoble des Côtes de Nuits et de Beaune au firmament, et enfin l’abbaye de Cluny qui révèlent les terroirs du Macônnais et de la Côte Chalonnaise. De Dijon à Mâcon, le vignoble, bien que subdivisé en secteurs bien distincts, forme une seule et même bande de vignes longues de plusieurs kilomètres. Unis d’un seul bloc, le rayonnement des uns fait le bonheur des autres ! Mais à 150km de là, dans une zone largement endommagée par le puceron dévastateur, où la vigne a déserté, l’Yonne a bataillé pour briller au-delà de son seul Chablis !
Et pourtant, voilà une terre de richesse et de diversité ! L’Yonne, c’est XX sous-régions qui ont chacune leur caractère propre, toutes réunies dans ce qu’on appelle le Grand Auxerrois :
- le Jovinien, à Joigny, où les pentes abruptes des coteaux donnent des vins ciselés et expressif et où l’on produit un vin gris très goutu. La Côte-Saint-Jacques y est à découvrir !
- l’Auxerrois, doucement vallonné, qui propose des vins charmeurs et bien proportionnés ;
- le Tonnerrois, qui flirte avec la Champagne et où les pinots noirs (à Epineuil) se montrent épicés, floraux, et les chardonnays, ciselé et salins ;
- le Chablisien, que l’on ne présente plus ;
- le Vézelay, plus au Sud, où les vins sont aromatiques, bien équilibrés, délicats et chaleureux.
Des appellations comme Irancy, Saint-Bris, Bourgogne Chitry ou encore Coulanges-la-Vineuse proposent des vins superbes, complexes, promesses de grands moments de dégustation !
Des sous-sols complexes (deux plateaux datant de 146 à 88 millions d’années) riches en fossiles, sédiments et alluvions, comme on en trouve en Champagne et sur lesquels poussent une variété de cépages que l’on ne croise pas, plus au Sud, en Côte d’Or : César, Sacy, Melon de Bourgogne ou encore Sauvignon et Fié Gris partagent le lieu avec les iconiques Pinot Noir, Chardonnay et Gamay. Déclinés en rouge, en blanc, en rosé, en gris ou en crémant, les vignerons de l’Auxerrois mettent au service du terroir plusieurs siècles de savoir-faire, hérité de génération en génération !
Pour redécouvrir ces appellations, faîtes confiance à ces domaines emblématiques :
- Stéphanie Colinot, qui signe les plus jolies cuvée d’Irancy, mais également de très jolis Bourgogne Epineuil ;
- La Croix Montjoie, un domaine incontournable de Vézelay, dont les vins sont régulièrement encensés par la critique ;
- le domaine Goisot, qui propose une large gamme de vins dans l’appellation Bourgogne Côte d’Auxerre, mais aussi Saint-Bris, l’appellation qui met le Sauvignon à l’heure bourguignonne !
- le domaine Simmonnet Febvre, qui propose presque toutes les appellation de l’Auxerrois (leur Chitry est un délice et vaut bien des Chablis !), mais aussi des vins du Pays de l’Auxois. A découvrir !
Vous retrouverez bien évidemment la plupart de ces vins dans nos 5 caves parisiennes.